Dans la région historique du Maroc, la confection des tapis reste une tradition millénaire qui remonte à l'ère paléolithique. Cette coutume est sans doute due au climat : les tapis marocains peuvent être très dense avec des poils lourds, cela permet à des outils d'être adapté à la fois au climat rugueux des montagnes et à l'air sec du désert.
Issus des tribus berbères
Les tribus berbères employaient ces tapis à poils, à nœuds comme couvre-lits et matelas ou parfois des linceuls funéraires.
Les tapis berbères ne correspondent pas au stéréotype de l'art africain. Cependant, comme beaucoup d'art africain, ces compositions rectangulaires tissées par les femmes marocaines sont des œuvres religieuses destinées à repousser les puissances spirituelles négatives. Pour leurs fabricants nomades, les tapis constituaient une protection à la fois physique et métaphysique.
Les motifs qui apparaissent couramment sur les tapis sont traditionnels et anciens, communiqué de tisserande en tisserande. C'est la femme qui fabrique le tapis et qui décide du motif, racontant son histoire personnelle à travers le choix des symboles et rendant ainsi chaque tapis unique. Une tradition très libératrice qui favorise la liberté artistique dans son sens le plus pur.
Des styles différents selon la région
Chaque grande région et ville du Maroc présente des particularités sur les tapis. Un peu comme, les différentes régions de France, qui produisent des vins aux caractéristiques très typiques.
La ville la plus célèbre pour la fabrication de tapis du Maroc est peut-être Fès. Cette agglomération a connu son âge d'or pendant la dynastie des Mérinides au XIIIe siècle. À cette époque, la ville comptait plus de deux cents teinturiers et des ateliers de broderie.
Les tapis marocains ont connu un regain de popularité en Occident grâce aux designers modernes du milieu du siècle dernier - tels que Le Corbusier, Alvar Aalto et Ray & Charles Eames - qui ont associé les tapis berbères aux meubles au design épuré.
Des tapis servant de couvertures
Dans les montagnes, les tapis servaient de couvertures, protégeant les familles berbères contre les éléments, tandis que leurs motifs talismaniques et leurs compositions rectangulaires détournaient le mal et favorisaient la fertilité. Ces intentions mystiques expliquent peut-être les surprenantes asymétries des motifs berbères, comme si les lignes étaient elles-mêmes nomades, ouvertes aux méandres et aux déviations fortuites, à l'instar des chemins et des plis des paysages montagneux de l'Atlas et du Rif.
Les tapis monochromes, quant à eux, procurent les plaisirs subtils d'un tableau de Mark Rothko, également méditatifs et, pour beaucoup, transcendants. Une telle liberté de conception, loin des motifs répétitifs des tapis urbains, touche une corde sensible de l'identité berbère.